Le rôle des agences de notation dans les pratiques ESG – Claudio Ocello

Dans un paysage économique de plus en plus conscient des enjeux sociaux et environnementaux, les entreprises sont confrontées à des attentes croissantes en matière de responsabilité et de durabilité. Au-delà des chiffres financiers traditionnels, les performances extra-financières, également connues sous le nom de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), jouent un rôle prépondérant dans la perception globale d’une entreprise. C’est dans ce contexte que les agences de notation ESG ont émergé, se positionnant comme des acteurs clés dans l’évaluation de l’impact social et environnemental des entreprises.

Alors que les indicateurs financiers traditionnels ont longtemps dominé le paysage de l’analyse des entreprises, les agences de notation ESG apportent un nouvel ensemble de critères visant à évaluer la durabilité, la transparence, et la responsabilité sociale des organisations

Comment les agences de notation évaluent les entreprises analysées ? Les méthodes d’évaluation changent-elles en fonction des agences ?


I. Des critères de notation communs

Les agences de notation utilisent des méthodologies complexes et des critères spécifiques pour attribuer des scores aux entreprises en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Ces critères varient d’une agence à l’autre, mais 7 tendances générales sont identifiables dans les méthodes d’évaluation.

1. Responsabilité Environnementale

Les agences analysent dans un premier lieu les politiques environnementales des entreprises, y compris leurs initiatives de réduction des émissions de carbone, de gestion des déchets, d’utilisation durable des ressources naturelles, et de conformité aux normes environnementales.

2. Transparence et Communication des rapports RSE

La qualité et la transparence des rapports RSE sont également évaluées : plus les entreprises détaillent leurs politiques, leurs initiatives et leurs performances en matière de RSE, plus elles obtiennent des scores élevés.

3. Engagement Communautaire

Les actions réalisées par une entreprise envers les communautés locales font partie des évaluations des agences de notation. Cela peut inclure des initiatives philanthropiques, des programmes de bénévolat menés par les employés et des partenariats communautaires.

4. Gestion Éthique des Affaires

Autres critères importants évalués par les agences, la conformité aux normes éthiques, la prévention de la corruption et l’application concrète de ces sujets au sein de l’organisation.

5. Implication des Parties Prenantes

Certaines agences prennent en compte la consultation des parties prenantes, y compris les employés, les clients, les actionnaires et les ONG, pour évaluer la légitimité et la crédibilité des pratiques RSE de l’entreprise.

6. Performance Financières Durables

Les politiques ISR (Investissement Socialement Responsable) impliquent un engagement actif des établissements financiers pour intégrer des critères ESG dans les produits proposés aux investisseurs. L’application de politiques ISR et le respect des normes élevées en matière de durabilité se traduire positivement dans sa notation ESG.

7. Évaluation des Impacts Sociaux

Certains critères permettent également d’évaluer les impacts sociaux positifs qu’une entreprise peut avoir sur la société, tels que la création d’emplois, l’amélioration des conditions de travail et la contribution au bien-être communautaire.


II. Deux typologies de notation utilisées

Dans le secteur de la notation au niveau européen et international plusieurs agences se distinguent : EURONEXT, Sustainalytics, MSCI ESG, MOODY’S et ESG Solutions.

Les critères de performances vus précédemment constituent un premier pilier d’analyse (Performance Pillar). Il permet d’évaluer la performance sur la base de l’intégration des pratiques durables dans ses opérations, sa gouvernance et ses interactions avec les parties prenantes.

Toutefois les agences de notation ne se limitent pas à la performance positive d’une entreprise en matière de durabilité, elles prennent en compte également la gestion des risques liés aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (Risk Pillar). L’intégration des risques ESG dans la notation permet d’avoir une évaluation plus fine et d’aider les investisseurs à identifier les entreprises conscientes et proactives face aux risques liés à la non-application de mesures ESG.

Sustainalytics et MSCI ESG utilisent cette approche de décomposition de la notation en performance et risque. La combinaison de ces deux piliers permet d’obtenir une notation ESG globale plus nuancée entre sa performance et ses risques et d’identifier les entreprises qui intègrent des pratiques durables dans leur modèle d’entreprise. Par exemple, une entreprise pourrait exceller dans la réduction de son empreinte carbone (performance), mais pourrait en même temps être exposée à des risques importants de conflits sociaux (risque).

En 2023, selon le rapport de Sustainalytics, la performance positive ESG est évaluée à 53% pour les entreprises du CAC 40.


III. Les défis à venir pour les agences de notation ESG

Pour les agences de notation, la problématique actuelle majeure réside dans la standardisation et la qualité des données d’évaluation. En effet, les entreprises utilisent divers cadres de référence, ce qui rend difficile la comparaison entre leurs performances ESG. L’essor des agences de notation doit favoriser l’adoption de normes ESG universelles.

Le deuxième défi pour les agences de notation est d’améliorer la transparence des entreprises et d’établir des mécanismes de vérification indépendants, afin d’avoir un contrôle dédié aux sujets RSE au sein des entreprises.

Enfin, l’évolution rapide des pratiques ESG est également une source de difficulté pour les agences de notation. Plus les entreprises deviennent sensibles aux enjeux ESG, plus elles adoptent de nouvelles pratiques pour pallier ces problématiques, obligeant ainsi les agences de notation à adapter leurs méthodologies et leurs critères d’évaluations régulièrement.