Quelles sont les compétences clés communes au sport et au conseil ? – Guilhem Czarniak

Si aujourd’hui rapprocher le sport du monde de l’entreprise est loin d’être une idée farfelue, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, le sport a longtemps été considéré comme une activité de loisir, à but récréatif avant toute chose, se pratiquant dans des cadres informels. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, en France, l’amateurisme est roi et le professionnalisme est une idée lointaine très peu soutenue. À cette époque, le sport tel qu’on le connait aujourd’hui est loin d’être né.

C’est au début des années 1930 que le professionnalisme commence à voir le jour, sous la houlette notamment du cyclisme, de la boxe, du football, et le monde de l’entreprise n’y est pas étranger. Jean-Pierre Peugeot, 3ème du nom, crée alors le Football Club Sochaux Montbéliard en 1928 au milieu de ses usines, puis forcera la main à la fédération française pour créer le premier championnat professionnel dans le début des années 1930.

Depuis, cette professionnalisation s’est accélérée, notamment dans les années 80 avec la création d’organisations représentatives des salariés (à l’image du Syndicat National des Joueurs deRugby créé en 1998) et des employeurs (l’Union des Clubs Professionnels de Football créée en 1990) et d’autre part, d’organisations gestionnaires du secteur professionnel (Ligue Nationale de Basket-ball créée en 1989, Ligue Nationale de Rugby créée en 1998). Cette professionnalisation croissante a entraîné une évolution de la pratique du sport de haut niveau tant est si bien que toute organisation sportive professionnelle fonctionne comme une entreprise aujourd’hui.

À première vue très opposés, le sport et le conseil sont, à y regarder de plus près, des cousins moins éloignés qu’on ne pourrait le croire.

La gestion du changement :

Dimension essentielle lors de toute mission de conseil, la gestion du changement est aussi présente dans le domaine sportif.

Le sport est un domaine où le changement est constant : les joueurs changent d’équipe, les entraîneurs sont remplacés, les règles évoluent. Les organisations sportives doivent être en mesure de s’adapter rapidement à ces changements pour rester compétitives.

Cette problématique se retrouve également au sein des entreprises, et donc des missions de conseil. Le meilleur exemple reste les enjeux de mise en conformité règlementaire pour nos clients. Hector accompagne nombre de ses clients bancaires sur ces problématiques, impliquant souvent d’importants changements au sein de la structure (revue des procédures, évolution des outils, reporting, etc.), pour s’assurer du succès et de la pérennité de leur mise en œuvre à tous les échelons de l’organisation.

Le travail d’équipe :

Si tous les sports ne sont pas des sports collectifs, ce n’est pas pour autant qu’une cohésion et une capacité à travailler en équipe ne sont pas primordiales. En sport collectif ou individuel, la cohésion et la capacité à travailler en équipe sont deux compétences primordiales.Tout sportif professionnel de haut niveau est en général entouré d’une multitude d’experts dans leurs domaines qui l’aident à atteindre un niveau de performance élevée et répondre aux attentes fixées.

Une mission de conseil s’organise de la même façon. Souvent, les dispositifs déployés sur une mission présentent différents niveaux de séniorité ou d’expertise afin de mener à bien le projet. Ces dispositifs n’interviennent pas en vase clos, ils communiquent et échangent de manière quotidienne avec les différents services de l’entreprise cliente.

Il est alors essentiel, en sport comme en conseil, d’avoir d’excellentes capacités à travailler en équipe. Les rôles sont généralement prédéterminés, et chacun réalise une tâche en codépendance avec les tâches des autres membres de l’équipe. On ne verra pas en sport un préparateur physique ne pas prendre en compte les recommandations d’un kiné sur la forme d’un joueur, comme on ne verra pas lors d’une mission de conseil les préconisations d’un expert ne pas être intégrées dans les réflexions menées autour de la conduite d’un projet.

Coordonner l’ensemble des acteurs, impliquer les différentes parties prenantes dans un projet commun, connaître ses responsabilités et savoir échanger et interagir avec les membres de son équipe est donc un prérequis majeur dans le sport comme dans le conseil.

L’importance de la méthode :

Dans le sport, chaque match est un projet en soi, qui s’inscrit dans un projet plus long terme donc les objectifs sont fixés au préalable. Au sein d’une mission de conseil, les objectifs de l’intervention sont aussi connus à l’avance. Dans chacun de ces cas, pour atteindre ces objectifs il est nécessaire de définir une démarche globale à même de répondre à chacun des enjeux du projet.

Les équipes de consultants ou sportives doivent planifier, organiser, coordonner et exécuter leurs actions avec précision pour atteindre leurs objectifs. De même, les sportifs bénéficient d’un équipement adapté à leurs besoins, par exemple, les typologies de vélos utilisés selon les profils d’étapes sur le tour de France, là où les consultants disposent de tout un panel d’outils et de méthodologies éprouvées permettant de garantir le succès d’une mission. Chez Hector, nombre de ces outils ont été développés en interne et mis en application avec succès chez nos clients (par exemple : outils de diagnostic, ateliers de co-construction, modélisation systémique, OKR – Objectives & Key Results, etc.).

La performance et la réussite d’un projet :

Enfin, dans ces deux mondes, la performance et l’atteinte des objectifs sont des facteurs déterminants.

Si dans le sport, les performances sont mesurées en termes de résultats facilement observables, comme le score d’un match, les équipes doivent être en capacité de mesurer et d’analyser leurs performances pour identifier leurs forces et leurs faiblesses, et d’améliorer leurs performances à l’avenir. Lors d’une mission de conseil, les critères de mesure du succès peuvent parfois être moins tangibles. Si la tenue des délais peut par exemple être un indicateur pertinent, celle-ci ne dépend pas de la responsabilité seule des consultants, mais parfois de facteurs externes (re-priorisation de sujets et de projets, budgets, etc.). À l’instar d’une équipe sportive, qui n’est pas uniquement constituée des joueurs, mais aussi du management, des kinés, et depuis plus récemment d’une armée d’analystes (vidéo, data). L’implication de tous est nécessaire pour atteindre les objectifs.

L’avantage des consultants est que leur apport d’expertise, combiné à leur œil extérieur à l’organisation peut permettre de faire rejaillir par leurs travaux des axes d’optimisation, contribuant ainsi à l’atteinte de la performance souhaitée, et au succès d’un projet.