Tips by Hector – La théorie du don

Selon les différentes approches de la sociologie organisationnelle, toute organisation est un lieu de socialisation qui se construit à travers les interactions, les comportements, les influences mutuelles des uns sur les autres, qu’ils soient internes (collaborateurs, dirigeants, etc.) ou externes (environnement). Ces interactions et actions qui régissent cette construction sociale permettent de concevoir l’entreprise non pas seulement comme un lieu de profit mais dans une globalité qui intègre coopération et jeux de pouvoirs.

La théorie du don (Mauss, 1923) ne fait pas référence à un comportement altruiste mais davantage à une théorie de l’échange social, oscillant entre partage volontaire et réciprocité.

Ce concept se rattache nécessairement à un triptyque qui régit les règles de l’échange social  : donner, recevoir et rendre qui permet de structurer la coopération entre employeurs et salariés ou entres salariés. Le fait de donner engage le donataire et le donateur dans une relation de réciprocité (don / contre-don).

Ainsi, le don n’est pas un acte isolé, il est un cycle, synonyme de lien social. Il est un hybride entre :

  • Un échange gratuit et utilitaire,
  • Un désir de donner aussi important que celui de recevoir.

Plusieurs auteurs (J-T. Godbout et A. Caillé, 1992  ; L. Cordonnier, 1997  ; N. Alter, 2000) ont constitué progressivement une analyse qui peut s’articuler autour de 5 axes, valant pour n’importe quel type d’échange social  :

  • La réciprocité des échanges est différée dans le temps  : plusieurs années peuvent séparer le don de son contre-don.
  • La valeur des échanges est mal connue  : l’échange ne se monnaie pas, pouvant poser des difficultés dans la valorisation du don.
  • L’échange est ininterrompu, il est au service du lien social et non de l’échange de biens.
  • L’échange n’engage pas deux individus mais plusieurs groupes, on parle de réciprocité élargie.
  • Alors que l’échange marchand fonctionne à l’«  équivalence  », cette coopération fonctionne sur le registre de l’«  endettement mutuel  ».

En conclusion, le don n’est ni libre, ni désintéressé et le fait majeur du don est la réciprocité. Il permet de comprendre le caractère « social », symbolique ou affectif de l’échange à l’intérieur de l’organisation. Ainsi, les collaborateurs ne sont donc pas guidés par la seule appétence financière, ils définissent beaucoup plus leurs comportements et engagement en fonction d’une norme de réciprocité fondée sur la volonté d’équilibrer leur effort en fonction de ce qu’ils reçoivent.