« SE REINVENTER » – EPISODE #2

« Il en a été au XIX° avec le grand commerce comme il en est aujourd’hui avec le commerce en ligne. » Le Bonheur des Dames, Emile Zola, 1883

En clair : Se placer au-dessus de la concurrence. Créer un nouvel espace de marché. Ne pas regarder ses concurrents. Réinventer la valeur de son offre.

« Il (Octave Mouret / ndlr.) était revenu à son poste favori, en haut de l’escalier de l’entresol, contre la rampe ; et, devant le massacre d’étoffes qui s’étalait sous lui, il avait un rire victorieux. Ses craintes du matin, ce moment d’impardonnable faiblesse que personne ne connaîtrait jamais le jetait à un besoin tapageur de triomphe. La campagne était donc définitivement gagnée, le petit commerce du quartier mis en pièces, le baron Hartmann (Haussmann / ndlr.) conquis, avec ses millions et ses terrains. Pendant qu’il regardait les caissiers penchés sur leurs registres, additionnant les longues colonnes de chiffres, pendant qu’il écoutait le petit bruit de l’or, tombant de leurs doigts dans les sébiles de cuivre, il voyait déjà le Bonheur des Dames grandir démesurément, élargir son hall, prolonger ses galeries jusqu’à la rue du Dix-Décembre. »
« Et maintenant, reprit-il, êtes-vous convaincu que la maison est trop petite ? … On aurait vendu le double. »
Octave Mouret est l’avatar littéraire d’Aristide Boucicaut qui a marqué de son empreinte l’histoire de la grande distribution en France, et peut-être dans le monde, avec la création du « Bon Marché » sur la rive gauche de Paris. Il comprend, au moment même où s’amorce le grand boom économique du Second Empire, la nécessité d’adapter l’architecture du bâtiment à l’élargissement de la consommation. En 1863, Paul Videau, son associé historique, effrayé par les innovations de Boucicaut, demande à sortir de l’affaire. Mais plus rien n’arrêtera le commerce de masse.

Il en a été au XIX° avec le grand commerce comme il en est aujourd’hui avec le commerce en ligne.
Mouret-Boucicaut se place au-dessus de la concurrence. Il créé un nouvel espace de marché. Il ne regarde pas ses concurrents, il réinvente la valeur de son offre.
Et surtout, il n’a pas peur. Ou plutôt, il lâche ses peurs.
Fini les dix commerces pour se faire tailler une robe sur mesure, il rassemble tout en un lieu unique. Fini le dialogue binaire quasi passif commerçant – client ! Vive le tapage et l’anarchie des acheteuses déchaînées : l’avènement de l’expérience client !