La Genèse d’Hector – Episode 3/4 : Le chantier endormi

Hector, toujours en quête de surprises, décida de quitter les campagnes et leurs jardiniers, pour rejoindre la ville.

Hector, toujours en quête de surprises, décida de quitter les campagnes et leurs jardiniers, pour rejoindre la ville.

A l’horizon, d’immenses grues lui indiquèrent le chemin. Une fois sur place, il découvrit un chantier titanesque… étrangement calme. Comme à son habitude, il alla à la rencontre des ouvriers pour en savoir un peu plus. L’un deux, assoupi, lui répondit qu’il en avait assez de porter des sacs de sable à longueur de journée, qu’il était fatigué. Un autre, le regard triste, se demandait si quelqu’un le regretterait s’il ne venait plus un matin. Un autre encore se plaignit de n’avoir jamais été félicité pour la beauté de son ouvrage. Et plus loin, Hector vit le chef de chantier, seul, qui contemplait ses plans…

« Fascinant » se dit-il.

Hector invita les ouvriers et le chef de chantier en manque de compagnie, à le suivre. Il les conduisit sur une colline qui dominait la ville. La vue était à couper le souffle. De là-haut, ils purent admirer leur chantier comme jamais. Le chef fut ému à la vue grandeur nature du plan qui l’obsédait jours et nuits. Se tournant vers ses ouvriers, il improvisa un discours au ton lyrique. Ils avaient à leurs pieds « les prémisses du plus beau projet que la ville ait porté », « l‘université de demain», « l’avenir » de leurs enfants, une chance d’inscrire leurs noms « dans l’histoire »… Puis il invita chacun à raconter en quoi il contribuait à cette huitième Merveille du Monde. Gonflés d’orgueil, les ouvriers parlaient de leur travail et de leur savoir-faire. Ils s’applaudissaient les uns les autres en montrant du doigt leurs réalisations en contre-bas. Des groupes se détachaient pour se montrer de plus près ce dont ils se parlaient avec tant de passion. Au bout d’un moment, Hector réalisa qu’il se tenait seul sur la colline. Le chantier en contre-bas grondait à nouveau.