Quels sont les contours du crédit à impact ?– Soline Fournier 

Depuis sa création en fin 2017, le crédit à impact voit son marché croître fortement.  Véritable levier de financement de projets lié à la Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) des entreprises, ce type de financement permet de valoriser les engagements RSE d’une société tout en lui assurant une croissance. 

Le principe du prêt à impact est le suivant : l’entreprise contracte un prêt avec des conditions de taux définis par la banque en fonction du niveau de risque associé. Ce taux n’est toutefois pas fixe et sera sujet à variation en fonction de la performance RSE de l’entreprise. En effet, des évaluations de la performance RSE de ladite entreprise sont effectuées régulièrement au travers de la mesure d’indicateurs environnementaux, sociaux ou encore de gouvernance. Ces indicateurs, généralement de deux à six, sont définis au moment de la souscription du contrat de prêt. Il est également possible que l’indexation du taux soit fondée sur la notation ESG (Environnement, Social et Gouvernance) de l’entreprise et réalisée par des agences spécialisées. La vérification des reportings associés et l’atteinte des objectifs doivent dans tous les cas être vérifiées par un tier. Cet emprunt permet alors de valoriser les démarches RSE d’une entreprise au travers d’éléments financiers et extra-financiers concrets en accordant un bonus sur le taux d’intérêt de l’emprunt. Attention toutefois à ne pas prendre ce système à la légère : si l’entreprise ne parvient pas à atteindre les objectifs fixés, un malus et/ou l’obligation de réaliser des actions correctives sous un an peuvent être appliqués. 

L’emprunt à impact est un type de financement flexible qui s’adapte à différents secteurs et entreprises. Selon un sondage réalisé par Redbridge en 2021 auprès de 30 grandes entreprises françaises et ETI, presque 40 % d’entre elles ont déjà mis en place un crédit à impact (Redbridge, 2021). Parmi les convaincus, nous trouvons des noms comme Danone, Bel, EDF ou encore Décathlon. Pour Décathlon, cette opération inaugurale d’un montant de 125 millions d’euros est conclue par le biais d’avenant aux contrats de financement Crédit Agricole CIB et Natixis (CACIB, 2020). Six indicateurs ont été sélectionnés afin de revoir une fois par an l’ajustement des marges de crédit, à savoir : (1) la satisfaction de ses collaborateurs, (2) la mesure de la responsabilité humaine en production chez ses fournisseurs, (3) la mesure de la responsabilité environnementale en production chez ses fournisseurs, (4) la satisfaction de ses utilisateurs sportifs, (5) la réduction de l’intensité des émissions de CO2 par produit vendu et (5) le développement de l’affichage environnemental des produits de marque Decathlon. Olivier Nicolas, directeur du marché des entreprises chez LCL, confie à Le Figaro en juin 2021 que, d’ici quelques années, les prêts à impact pourraient représenter 10 % à 20 % du marché (Le Figaro, 2021). 

Pour les banques, le prêt à impact est également un moyen de traduire ses propres engagements RSE au travers d’impacts positifs relatés au sein des entreprises clientes, conséquences du crédit à impact. La banque est également un véritable accompagnateur de son client et peut avoir une vision stratégique sur le long terme de l’activité de son client et de son adaptabilité.  

Présentant de nombreux atouts, on pourrait donc penser que la logique de bonification progressive proposée par ce type de financement pourrait être développée à d’autres financements en proposant l’indexation de taux et investissement sur des critères de durabilité.