Un vilain défaut au service de l’entreprise : petite éthique de la curiosité

« La curiosité est un vilain défaut ». Vous n’avez sans doute pas échappé au dicton populaire, qui depuis des générations fait une bien triste réputation aux curieux, renvoyés ainsi à leur indiscrétion coupable. Parce que la curiosité implique de prendre des risques, de faire preuve d’audace et de déranger, on s’en désintéresse, souvent reléguée à un manque de savoir-vivre. Elle est pourtant une clé pour intervenir sur le tissu social complexe qui nous relie tous, comme l’ont bien compris les invités des 46 épisodes d’Entreprise Curieuse, le podcast né de la collaboration entre l’Institut de l’Entreprise et Hector Advisory. Érigée en véritable éthique de l’Entreprise, la curiosité est pour ces praticiens une garantie d’ouverture, d’innovation et d’apprentissage continu. Pour comprendre l’intérêt porté à ce concept par ces praticiens de l’entreprise, il convient d’élargir notre définition de ce que Thomas Hobbes appelait « le désir de connaître le pourquoi et le comment ». Les 14 témoignages rassemblés en recueil dans le tome 2 d’Entreprise Curieuse nous permettent d’opérer ce tour d’horizon.

Pour Noémie Ellezam de la Société Générale, la curiosité est d’abord un « atout compétitif » pour l’entreprise, un gage d’adaptation et d’innovation au sein d’un environnement bancaire de plus en plus compétitif, mu par l’émergence des Fintech et des BigTech. Cet ancrage de la curiosité dans le fonctionnement de l’entreprise est, selon elle, l’intégration d’un « réflexe du regard vers l’extérieur au cœur de nos fonctionnements et de nos prises de décision au quotidien. ».

Phillipe Carli, président du groupe ERBA évoque à ce titre le développement d’une « culture de la curiosité », comme assurance d’un apprentissage continu, en s’inspirant des autres initiatives du secteur, certes, mais aussi dans le maintien permanent du dialogue avec les parties prenantes. Un management « between the doors », qui se donne pour vocation d’ « améliorer encore l’efficacité de l’entreprise, voire la qualité de vie des salariés. ».

La résolution créative de problématique de transformation ne se fait pas sans « la curiosité d’écouter ses communautés ». C’est la conviction d’Alexandra Boulin, dont le parcours multiforme chez Doctolib témoigne bien d’une mise en pratique concrète de ce concept phare. Une entreprise curieuse ne l’est pas seulement dans sa stratégie, ni dans sa recherche d’innovation à l’extérieur, mais doit l’être aussi en interne, en s’affirmant comme une « entreprise bienveillante qui permet de pouvoir poser des questions ». Dès lors, la curiosité n’est plus une donnée managériale, mais une énergie irrigant les relations des femmes et des hommes qui font l’entreprise. « On y répond et, surtout aussi, on la nourrit, on l’encourage énormément » explique Alexandra Boulin.

Chez Hector, au risque de passer pour un cabinet de curiosité, nous revendiquons cet intérêt permanent pour la complexité de notre client, de son métier, de son environnement, en travaillant intuite personae, tout en se nourrissant des témoignages de ceux qui osent cette remise en question des certitudes qu’implique l’exploration de l’inconnu ! Cet article ne saurait être exhaustif quant aux multiples facettes de la curiosité, développées par nos intervenants dans le tome 2 d’Entreprise Curieuse. À lire de toute urgence !